Exposition

Johanna Calle

Dibujos / Dessins

11 oct 2017 20 déc 2017

Commissaire : Helena Tatay

 

Lundi au vendredi : 10h >20h - Samedi : 14h >18h

Fermé les dimanches et jours fériés

 

À partir du mois d’octobre, et pendant tout l’automne, la Maison de l’Amérique latine consacre une exposition monographique à Johanna Calle, temps fort artistique de l’Année France Colombie 2017.

 

Depuis 30 ans, Johanna Calle développe un art du dessin éminemment poétique et personnel, un langage qui interroge la complexe réalité latino-américaine et colombienne. L’artiste utilise toutes sortes de matériaux et techniques, cherche à en extraire leur sens et signification. Elle manipule fils de fer, fils à coudre,  photographies et papier photographique, textes et lettres dactylographiées, perfore carton, bois ou encore acier. Elle compose, décompose et recompose, élargissant ainsi la notion même de dessin, dont le format peut passer de minuscule à monumental. La délicatesse de ses dessins contraste avec l’intensité des thèmes qu’elle aborde. Opérant souvent par séries d’images, Johanna Calle dessine les contours de territoires complexes, aborde les questions d’aliénation, de pouvoir, d’ordre social et de fragilité individuelle.     

De l’idée traditionnelle du dessin, au crayon ou graphite, seule subsiste l’absence de couleur caractéristique de ce médium. La seule couleur qui soit est celle des matériaux employés ou celle des tons de papier du support. L’artiste cultive cette apparente absence de couleur comme une austérité expressive visant à signifier plus avec moins.     
On peut voir dans son travail l’héritage du dessin conceptualiste latino-américain des années 1960-70 (Leon Ferrari, Mira Schendel, Cildo Meireles, Gego…), cherchant avec une grande liberté, et expérimentant sans cesse, à refléter le contexte politique et social de son environnement.      
     
Le contexte d’un long conflit armé avec ses conséquences sur les populations, la croissance effrénée des implantations urbaines, la vulnérabilité des paysans déplacés, les désastres environnementaux dans un pays doté de l’une des biodiversités les plus riches de la planète et le déclin de la diversité linguistique figurent parmi ces thèmes de réflexion.

Pour chacun d’eux, Johanna Calle enquête longuement, consulte et vérifie sources et informations jusqu’à dominer son sujet. Puis elle traduit en séries de dessins le résultat de ses recherches. Pour cela, elle teste le procédé qui fera résonner une partie du sens de sa démarche.      

Car Johanna Calle compose ses images tel un poème. Si l’on se penche sur la façon dont elles ont été élaborées, on s’aperçoit que les matériaux et procédés donnent le ton et le rythme de l’image mais aussi, comme pour l’image poétique, en condensent les signifiés. Chaque élément évoque et réverbère l’essence de l’histoire qu’elle veut raconter.      
     
Le dessin est un langage qui permet à Johanna Calle, de manière personnelle et silencieuse, d’exprimer sa perplexité, son désaccord, ou de développer une critique face à différents phénomènes sociaux. Ses séries dessinent un territoire enchevêtré dont l’ordre brisé et les structures rompues affectent l’être humain. Helena Tatay, 2017     
     
Johanna Calle (Bogotá, 1965), vit et travaille à Bogotá, Colombie.    

 

L’exposition est accompagnée d’un catalogue illustré. Textes de Johanna Calle, Alexis Fabry, Helena Tatay. 130 pages, 15 €.