Littérature

Lima l'horrible

Sebastián Salazar Bondy

01 fevr 2018 à 19h

Présentation du livre avec la participation de Gérard Berréby (Directeur des Editions Allia), Jean-Luc Campario (traducteur), Ina Salazar (Professeure) et Alejandro Susti (poète et critique littéraire).

Lima est un joyau, une ville faste et luxuriante, mieux : une terre promise. Ou bien ce ne serait qu’un mythe, symbole d’un pays dont l’histoire aurait été falsifiée ? Lima, horrible par manque d’identité, de simplicité et d’authenticité. Lima, travestie en ‘‘Arcadie coloniale’’ par la bourgeoisie pour asseoir sa domination sur les classes populaires et justifier la discrimination qu’elles subissent. Face à l’oligarchie péruvienne, Sebastián Salazar Bondy dénonce une supercherie politique qui vise, par des politiques culturelles, artistiques, architecturales et sociales, à célébrer un passé hispanique colonial manipulé, quitte à marginaliser l’histoire péruvienne précoloniale. Pour nous faire entrevoir la véritable Lima, il démystifie des figures et des institutions créées de toutes pièces à l’époque du vice-royaume du Pérou pour imposer le pouvoir espagnol sur les indigènes : Ricardo Palma, Sainte Rose de Lima ou encore l’École de Cuzco, fiertés nationales d’un Pérou qui renie ses origines, son passé et son identité propres. Cet essai paru en 1964 fit l’effet d’une bombe, au point que “Lima l’hor­rible” est passé dans le langage collectif pour désigner le désenchantement des Péruviens à l’égard du chaos de leur capitale.

 

Sebastián Salazar Bondy (1924-1965) est un poète, journaliste, dramaturge et essayiste péruvien, membre fondateur du Mouvement social progressiste et figure de proue de la Génération de 50. Inspirés par les avant-gardes européennes, par Joyce, Faulkner et par le marxisme, les auteurs de cette génération livrent des textes marqués par le développement urbain et la migration des civilisations andines et indigènes vers la capitale. Pour la première fois publié à l’âge de 13 ans dans la revue Palabra, Salazar Bondy se montre immédiatement sensible aux problèmes liés à l’urbanisation de son pays et aux clivages sociaux qu’elle engendre. Il pose un regard mélancolique et critique sur le Pérou moderne, s’intéresse de près à sa situation sociale et politique tout en participant à l’ébullition culturelle. C’est dans cette ambivalence que celui qui fait figure d’intellectuel cosmopolite par excellence marqua sa géné­ration et les suivantes.