Cinéma

Débords - du cinéma

Peter Szendy

19 déc 2017 à 19h

Face value, ou les masques de l'argent

 

La «valeur faciale» d’une monnaie (face value en anglais), également appelée «valeur nominale», est la valeur imprimée, représentée sur une pièce ou un billet, qui peut être inférieure à sa valeur intrinsèque.
Quel rapport y a-t-il entre la face (le visage) et la monnaie ?
Pourquoi l’argent a-t-il besoin de masques, de prosôpa ?
Dans le prolongement de l’hypothèse «iconomique» avancée dans Le Supermarché du visible (Minuit, 2017), on tentera quelques réponses en lisant Nietzsche, Marx et Levinas, ainsi que plusieurs récits anglais du XVIIIe siècle appartenant au genre fascinant des it-narratives, ces autobiographies racontées par les choses elles-mêmes. L’argent, en effet, y tient une place de choix, comme dans ces «aventures d’un billet de banque» (The Adventures of a Banknote, 1770) dont le narrateur en forme de papier-monnaie prétend pouvoir «créer des mots» (coin words).

 

 

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Dans le cadre du séminaire Débords - du cinéma.

 

Un «débord», indique le Littré, c’est la «partie d’une route qui borde le pavé».

En se laissant guider par ce mot, notre séminaire voudrait d’abord marquer ce qui lie le cinéma à la route, à ce «frayage permanent» du regard dont parle Jean-Luc Nancy dans «L’Évidence du film».

Si le cinéma est essentiellement routier, qu’arrive-t-il sur son débord ?

«Débord», dit encore le Littré, c’est un «terme de monnaie», à savoir la partie d’une pièce entre la légende et la circonférence externe.

Et c’est donc aussi la dimension économique des excès du cinéma que notre séminaire tente d’interroger: là où, comme l’indiquait Lyotard dans «L’acinéma», il résiste à «l’élimination des mouvements aberrants», là où il s’approche de la pure dépense bataillienne en se portant vers «l’immobilité» ou «l’excès de mouvement».

 

Séances suivantes : 10 & 17 janvier 2018 19h